HOMMAGE JEAN JULES VANOBBERGEN

ALIAS LANGE JOJO & LE GRAND JOJO

Koekelberg
Conseil communal – Gemeenteraad – 20.12.2021

Monsieur le bourgmestre,
Chers collègues du conseil communal,
Beste mensen van Koekelberg,

Si je vous dis que ce matin, en prenant le tram, juste devant moi, un monsieur d’apparence asiatique c’est installé, vous me demanderez sûrement : «un Chinois?» Et si je vous dis en plus que ce pei avait avec lui une boîte, je peux déjà anticiper votre prochaine question : «wovui ‘n duus en gien valees?»…

Cet après-midi j’ai pu visiter – enfin ! car avec le Covid ce n’était pas évident – mon vieil ami Joe, qui se trouve maintenant au home du Village Jourdan. Hij zat vol «rumatis en hij verleesde zan oêr», en zit «naa tusse de peikes en de meikes van ‘t hospice.» Pertang hij was nen terreebelen bandeet, il attaquait tout seul le train qui roulait vers Ostende, et s’appelait Cowboy Joe

Als ik jullie vraag wie was Julius Caesar, of Jules César in ‘t schuu Frans ? Vous pourriez me répondre en chœur : une star du football ! En dobaa aa’m nog schuun biene, schuun biene Jules César !… A ne pas confondre mè Victor, cet autre vedette du football belge, celui qui avait «‘n fuzee in zan broek».

Le hic, c’est qu’à l’école ça devient de plus en plus difficile d’expliquer aux gosses que Jules César était un général Romain qui, avec ses légions est venu embêter les Gaulois. A moins qu’ils pensent que les légions en question étaient soit de l’AS Roma ou du Lazio de Rome.

Je pourrais encore continuer à vous évoquer pendant quelques minutes ces histoires tirées des nombreuses chansons populaires que Jules Vanobbergen nous a proposé tout au long de sa si riche carrière d’entertainer. Car populaires elles étaient. Meer dan 30 hits heb ik zomaar gerecenseerd uit zijn indrukwekkende discografie : 30 leekes dee da ge zoemo kunt meizinge, of da ge in eeder geval vanzeleive al ne ki guud èt. Et attention : je parle ici uniquement des trentaines de succès qu’il chantait comme le Grand Jojo en français mais également en flamand sous son autre pseudonyme Lange Jojo.

Déjà rien que ce bilinguisme en fait du belge vollen bak. Pire : c’est bu Bruxellois vollen bak, car son français était bel et bien soit du bruxellois français, ou – si vous préférez – du ‘Beulemans’, tandis que la version flamande était celle du dialecte, et es te zegge Brussels-Vloms. Mais c’est encore plus pire : c’était du Brusseleir vollen bak, parce que ces histoires n’étaient que la cristallisation chantée de notre zwanze régionale. De la sorte il était en fait dans la lignée des plus grands artistes surréalistes de chez nous.

Wee anders as Lange Jojo kan van Jules César ‘n star moêke mè schuun biene ? Et qui d’autre que le Grand Jojo aurait pu chanter l’épopée de Cowboy Joe, attaquant le train d’Ostende et terminant sa carrière plein de rhumatismes et klasjkop in ‘t hospice ? Et qui d’autre qu’un bruxellois zwanzeur s’inquièterai ouver et faait da daane chinuus op zanne schuut ‘n duus aa en gin valees ?

Notre homme était bel et bien un grand artiste hors du commun. Le plus bel exemple et un excellent souvenir était sa venue lors d’une des fêtes dans le Parc Elisabeth, au moment où nous recevions une délégation officielle de notre ville jumelle d’Hyères-les-Palmiers, sous la conduite du Maire. Toute la délégation française était simplement époustouflée par l’ambiance que Jojo mettait. Du coup, c’étaient nos amis Français qui dansaient sur les chaises.

En lui rendant hommage j’aurais pu évoquer toute sa carrière, y compris en dehors de la chanson, ou sa jeunesse à Koekelberg, les anecdotes pendant la guerre chez son bompa, boucher près de la rue Schmitz. Sa première prestation de petit ket in ne stamenei do zjust neffest. Of de winkel van za moema in de gebeure van de place Simonis. Sa disponibilité quand on lui demandait de venir chanter dans la commune de sa jeunesse. Et bien entendu le titre de Koekelbergeois à Vie, que j’ai eu le plaisir de lui remettre en 2013 au nom du Club Henri Vanhuffel. Mais la presse, tant écrite qu’audiovisuelle, en a déjà abondamment parlé.

Wat mij wel is opgevallen : er moet iets in de lucht zitten in de gemeente Koekelberg, waardoor wie hier ooit passeert een virus oploopt. Een virus dat je de rest van je leven niet loslaat. Il fût un temps – jusque dans les années trente – où les médecins conseillaient aux futures mamans de s’installer autour du Plateau de Koekelberg car l’air y était pur, comparé au reste de l’agglomération. Etait-ce cela qui a fait que tous ces artistes qui ont foulé le sol Koekelbergeois naguère en parlaient encore toute au long de leur parcours ? Toots Thielemans par exemple (autre Koekelbergeois à Vie) a à plusieurs reprises, en évoquant sa jeunesse, épinglé l’athénée royal de Koekelberg, dont il est sorti haut la main de ses études secondaires. Ou Coco Van Babbelgem (encore un Koekelbergeois à Vie, copain de notre Jojo), chanteur bruxellois et grand animateur de radio Contact, qui est resté accroché à son Koekelberg. Et que dire de Raymond Goethals (que nous continuons à honorer avec un géant), qui quelque temps avant son départ expliquait à un journaliste du HLN qu’il désirait que son enterrement ait lieu à la Basilique de Koekelberg « want et was ee dat alles begost es ». C’était effectivement à l’endroit de la Basilique et sur le Plateau que le petit Raymond avait commencé à shotter dans un ballon.

Et c’est précisément ce qu’a fait également notre Jojo. Jouer à Koekelberg étant jeune, organiser son enterrement à la Basilique.

Ils n’avaient pas oublié Koekelberg. Koekelberg ne devrait pas les oublier.

We zullen onze Lange Jojo alleszins niet zo rap vergeten. Hij liet ons een indrukwekkende erfenis na : schitterende liedjes, onze taal, onze zwans, ons surrealisme. Comment pourrait-on en effet mieux illustrer ce qu’est le patrimoine immatériel qu’en montrant en exemple cette discographie flamboyante du Grand Jojo ?

J’oserai quant à moi une comparaison audacieuse – comparaison n’étant pas raison. Quand vous entendez, plus de 40 ans après sa mort, dans une discothèque ou dans un bal, une chanson de Claude François la piste de danse devient subitement trop petite. Je suis sûr que dans 40 ans autour des stades de foot on entendra encore les «olé olé olé» de Jojo, et que dans les stameneis de Bruxelles et d’ailleurs les «chef un p’tit verre on a soif» seront encore entamés en chœur.

Koekelberg vient de perdre un de ses petits, mais dont on peut être extrêmement fier. As ge da mo wet

Merci Jojo.

Robert DELATHOUWER
Gemeenteraadslid – ere-schepen
Conseiller communal – échevin honoraire


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